
Bien sûr, promis juré, la retraite à 70 ans n’est qu’une faculté, non une obligation. Mais les salariés auront-ils le choix, s’ils doivent travailler plus longtemps pour percevoir une pension dont le « taux plein » n’est pas trop éloigné de leur dernier salaire ? Il n’est pas besoin d’être devin pour voir se dessiner, demain, deux catégories de sexagénaires : les prévoyant et les autres. Les prévoyants auront épargné pour leur retraite, ils pourront cesser de travailler plus tôt et vivre sans se priver. Les autres devront trimer jusqu’au bout et, mécontent, ne manqueront pas de reprocher à l’Etat son imprévoyance. Non sans raison. Car, jusqu’à présent, il n’a pas été fait grand-chose pour encourager l’épargne retraite. Que d’espoirs déçus et de promesses non tenues, entre des produits mal ficelés et des prélèvements galopants ! La dernière déception en date est celle des OPCI. Conçus comme un grand placement immobilier d’épargne longue en vue de la retraite, il accumule les faux départs dans sa version dédiée au grand public. L’idée d’un fonds immobilier peu risqué est, pourtant, judicieuse et bien adaptée à la constitution d’un capital retraite générateur de revenus élevés. Sur ce point, les SCPI ont fait leurs preuves, mais elles manquent d’envergure pour répondre à l’immensité du besoin. Désormais, l’Etat ne peut plus éluder le problème. Repousser à 70 ans l’âge de la retraite sans développer, en parallèle, une vraie politique d’encouragement à l’épargne retraite relève de la provocation.
Christian Micheaud

